Un accord inégal, preuve même de l’incapacité de l’Union européenne à mener de front un rapport de force puissant.
Un accord inégal
Ni le Parlement européen ni le Parlement français ne doivent ratifier l’accord Von der Leyen - Trump ! Après quatre mois à suspendre l’Union européenne à chacune de ses décisions instables, l’administration Trump propose un accord déséquilibré. Certes, les 15% de droits de douane retenus sont intérieurs aux 20% évoqués en avril et aux 30% brandis en juillet.
Mais se réjouir d’une punition adoucie n’efface en rien l’échec stratégique que cet accord incarne. Alors même que l’Union européenne est le premier partenaire commercial des États-Unis en matière de biens, elle n’a su s’imposer.
Quelques concessions sont certes obtenues, comme l’exemption totale de droits de douane pour le secteur aéronautique, mais elles ne sauraient masquer le manque de fermeté de l’Union européenne sur des enjeux majeurs : souveraineté militaire, énergétique et industrielle.
L’Europe encore et toujours dépendante des Etats-Unis
Militairement dépendante car Bruxelles s’est engagée à acheter massivement des équipements militaires américains, tout en ouvrant ses marchés à leurs exportations, sans contrepartie douanière. C’est un aveu d’impuissance à l’heure où l’Union s’est doté d’un plan de réarmement (Rearm EU) censé traduire une autonomie stratégique face au désengagement des États-Unis en Ukraine et dans l’OTAN.
Nous avons en Europe les compétences pour produire nos propres matériels. Choisissons le Made in Europe pour défendre notre souveraineté face à un allié qui n’en fait qu’à sa tête.
Énergétiquement dépendante, également : l’accord prévoit que l’Union européenne achète pour 640 milliards d’euros de gaz de schiste américain. Ce choix, alors que la Commission européenne n’est pas compétente en matière énergétique, constitue une trahison écologique vis-à-vis de nos engagements climatiques, dont le Pacte vert européen est pourtant le pilier.
Enfin, l’Union européenne s’engage à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis, en plus du montant déjà promis, au moment même où la réindustrialisation européenne peine à se financer. Où est la cohérence stratégique ?
Quel rôle politique pour la France ?
Après le camouflet infligé par l’administration Trump sur les droits de douane, et la réaction indignée de François Bayrou, une question s’impose : comment en est-on arrivé là ?
Ce matin, je partage le constat de François Bayrou d’une Union européenne soumise aux décisions unilatérales des États-Unis. Mais à cette critique s’ajoute une interrogation politique majeure : la France a-t-elle été consultée par la Commission européenne au cours de cette négociation ? Si ce n’est pas le cas, la légitimité de Madame Von der Leyen qui ni n’écoute ni n’entend la France est sérieusement remise en cause.
Face à ce qui ressemble à un abandon de souveraineté, de nos industries, de nos agriculteurs la France doit porter un message clair : nous n’acceptons pas cette capitulation : ces accords très déséquilibrés, négociés dans la précipitation, et qui risquent d’être annulés à tout moment par Donald Trump, au gré de ses revirements.
Il ne suffit pas de dénoncer une faiblesse : encore faut-il agir avec fermeté. François Bayrou doit nous dire quelle est la suite. Refusons de ratifier ces accords aux Parlements européen et français. Ouvrons un vrai rapport de force. L’Union européenne ne doit pas se laisser dicter sa politique commerciale par Washington.
François Kalfon
Député européen S&D
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Anaëlle Chocteau
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